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Dans : Nos coups de coeur

Commentaires fermés sur Le charme discret de l’intestin

Un best seller qui parle de nos intestins. Chez BienManger.com, on ne pouvait pas laisser passer cela.  On aime bien manger mais on aime aussi bien digérer.  Donc, on a lu ce livre avec curiosité d’abord et passionnément ensuite.  Giula Enders est une étudiante en médecine, en gastro-entérologie qui décrypte pour nous les dernières avancées dans la connaissance de notre appareil digestif et de nos intestins.

Elle décrypte toutes les questions que l’on se pose actuellement sur la digestion de façon très didactique et avec une bonne dose d’humour et de petits croquis explicatifs.  Tout y passe, le temps de digestion, la forme et la couleur de nos cacas, les intolérances et allergies alimentaires, l’explication des dysfonctionnements et maladies touchant notre intestin ainsi que les traitements actuels et les pistes de recherche.

Le charme discret de l'intestin

Le charme discret de l’intestin

On a apprécié tout au long du livre les passages où elle explique les bienfaits de certains aliments et la façon dont ils agissent sur notre organisme. Giula explique ainsi comment les graisses sont assimilées via les réseaux lymphatiques (p70-72) et décrit les effets bénéfiques d’une bonne huile d’olivier vierge extra qui selon les connaissances actuelles protégerait de l’artériosclérose, du stress cellulaire, de la maladie d’Alzheimer voire de maladies oculaires.  L’huile d’olive mais aussi l’huile de colza, l’huile de lin ou l’huile de chanvre ont ainsi des propriétés anti inflammatoires.

Elle explique aussi les effets bénéfiques d’une alimentation riche en fibre qui vient stimuler mécaniquement notre intestin.  Quant au quinoa, à l’amarante, aux graines de chia, au blé noir et à la spiruline, ils ont l’avantage de nous apporter tous les acides aminés importants en quantité suffisantes, c’est pourquoi on les retrouve dans tous les régimes végétariens.

Elle décrypte aussi les mécanismes liés à l’absorption du gluten, du lactose, du fructose, du sorbitol et explique ce qu’il se produit en cas d’intolérances.

Cependant, les parties les plus intéressantes sont de notre point de vue la dernière et la troisième partie consacrées respectivement au “cerveau d’en bas” et à notre “planète microbienne”.  Le cerveau d’en bas, c’est bien l’intestin ! Il dispose de son propre système de neurones. Celui sert d’abord à coordonner tous les mécanismes complexes de la digestion mais plus intéressant, il interagit aussi avec notre cerveau d’en haut dans des proportions dont jusqu’à la lecture de ce livre, nous n’avions même pas conscience.   Un problème au niveau de l’intestin peut alors se traduire par des états de stress, de dépression voire des changements de comportements.

Et quand on découvre ce nouveau continent intérieur qu’est la planète microbienne, on comprend qu’on arrive en terra incognita.  Pour résumer, chacun d’entre nous a une flore microbienne intestinale composée de milliards de milliards de bactéries – 2 kg par personne environ – qui proviennent à la fois de nos parents, de nos maisons, de nos animaux de compagnie et de nos expériences propres. Tout ce que nous avons mangé, léché, mordillé depuis notre naissance nous a exposé à de nouvelles bactéries.  Cet écosystème personnel trouve son équilibre mais peut évoluer face à une crise (infection, voyage dans une contrée tropicale et rencontre avec des souches autochtones, cure d’antibiotique qui vient décimer notre flore…) et cette flore microbienne influence fortement à la fois ce que nous digérons, comment nous le digérons mais aussi en partie notre système immunitaire, nos goûts voire une partie de notre personnalité !!!  A tel point que des souris que l’on soumet à une forte cure d’antibiotiques avant de les “ensemencer” avec des bactéries d’autres souris peuvent développer des traits de caractères de ces souris donneuses.   Je résume, peut être que pour être aussi zen que le voisin, il faudra demain réfléchir à planter dans son intestin une haie de ses bactéries fétiches…

Bref, c’est un petit livre mais cela sonne comme l’écho d’une révolution dans le monde de la médecine.  Cette révolution est rendue possible par les nouvelles technologies de séquençage des ADN de notre flore qui permettent de faire cela à grande échelle. Cette approche a déjà permis de jeter certains points entre la médecine occidentale et la médecine traditionnelle chinoise en identifiant trois grands types de flore intestinales qui font écho aux trois catégories d’être humain de la médecine chinoise.  Et le plus passionnant est que cette révolution a lieu en ce moment.  Les premières recherches et les découvertes dans ce domaine se font maintenant.

Bon toutes ces émotions me donnent faim. Je vais croquer une portion de mes pré biotiques préférés – les salsifis chez moi – avec une petite pensée émue pour les quelques milliards de gentilles bactéries de mon gros intestin qui vont se régaler.  Cela fait du bien de savoir que l’on a autant d’amis.

Laurent Caplat.